Quelques pages de bande dessinée de temps en temps.

Une critique essayant d'être intéressante à cette occasion.

Un aspect particulier de la bande dessinée à chaque critique.


jeudi 16 juin 2016

La bande dessinée fait boum.

Ce n'est pas une nouvelle très fraîche : le Japon a été, au début du XX° siècle, une espèce d'empire-moderniste-militariste-semi-dictatorial-expansionniste en guerre contre la Corée, la Chine, et bientôt (lorsqu'elle a raccroché ses wagons à ceux de la deuxième guerre mondiale) une bonne partie du monde ; une bien sale histoire qui s'est finie de la pire des manières : deux bombes nucléaires dans la tête.



Ah c'est sûr, ça fait de belle images. Ces scientifiques ont le sens de la cinégénie.

Cette Histoire récente a été tellement traumatique (et y a de quoi) qu'on peut y voir des échos (parfois discrets, parfois très directs, parfois pas discret du tout) chez la plupart des auteurs japonais nés dans les années 30/40/50. Ça peut aller du gentil petit garçon qui concentre de l'énergie avec ses petits points (façon énergie nucléaire, petite mais costaude) dans Dragon Ball de Akira Toriyama jusqu'à une description directe des conséquences de la bombe nucléaire chez Gen d'Hiroshima de Keiji Nakazawa.

HA OUAIS ? T'ES VRAIMENT SÛR ? GEN D'HIROSHIMA ÇA PARLE D'HIROSHIMA ? TU PRENDS PAS TROP DE RISQUE, LÀ ?

Plus généralement, l'écho des bombes atomiques se fait ressentir au travers de tout un tas de thématiques présentes dans énormément de récits japonais :

  • L'apocalypse. (Forcément, quand on a eu affaire à une bombe nucléaire, on se demande si l'avenir de l'humanité ne va pas se finir un jour par un hiver nucléaire.) (Otomo a par exemple un schéma narratif très clair, qu'il applique à toutes ses œuvres (bande dessinesques ou filmiques), le schéma dit du « et à la fin, y a tout qui pète ».) (Vous pouvez aller vérifier, mais je viens de vous spoiler l'oeuvre complète de l'auteur.)

Bon, ça, encore, c'est pas trop typique, dans le moindre récit Hollywoodien le héros doit au moins sauver le monde et ses environs proche, sinon les producteurs ont l'air de trouver que l'enjeu du récit est pas assez fort.

  • Les survivants. (C'est bien beau l'apocalypse, mais une fois que c'est arrivé, on fait comment ?) (Gen d'Hiroshima montre les conséquences de la bombe sur plusieurs années, avec montée en flèche des maladies, de la criminalité, et des orphelins (en sus des tout petits tout petits traumatismes psychologiques).)

Image tirée du dossier prospectif : « Dans quel état sera la France cinq ans après le passage de la loi El Kohmri ? ».

  • Les adolescents et le renouveau. (Une fois qu'on a tout merdé et qu'il ne reste plus rien que des ruines, à qui confier la suite pour repartir du bon pied ? Bin aux ptits jeunes ! (bon, attention, il y a deux sortes d'adolescent/survivants : ceux qui arrivent à prendre ça du bon côté (je vais bien, tout va bien), et ceux qui en sortent trop niqués de la têtes et qui vont empirer la situation (par exemple : dans Monster, de Naoki Urasawa, il y a un traumatisme de départ, dont sort indemne une fille, et complètement taré son jumeau)).)

Ah... L’insouciance de la jeunesse...

  • La destruction cyclique et l’arrêt impossible de la violence. (C'est le côté optimiste de toute cette affaire : une fois les adolescents arrivés aux affaires, ça re-merde, et ça re-pète. Il n'y a pas de raison que l'ancienne génération ait été plus conne que toutes les autres et s'ils en sont arrivé jusqu'à l'apocalypse, ça arrivera fatalement à la suivante.) (C'est ce qui arrive dans Nausicaä de la vallée du vent de Hayao Miyazaki, dans laquelle les nouvelles générations ressuscitent les armes qui ont détruit leurs aïeuls.)

En même temps, les gars, je veux pas vous jeter la pierre, mais « le fœtus d'un dieu-guerrier » ? Vous avez pas senti qu'il y avait comme une possibilité que ça merde à un moment ou à un autre ?

(Oui, alors, attention, les pages d'Akira se lisent de gauche à droite et les pages de Nausicäa se lisent de droite à gauche.) (Parce qu'il faut savoir rire dans la vie, voilà pourquoi.)

  • Les savants fous. Parce que c'est rigolo, un bon petit savant fou qui fait n'importe quoi avec sa grosse moustache. (Le savant fou a toujours une grosse moustache, ne me demandez pas pourquoi.)



Il faut ici dire merci aux nazis (choses que je fais ma fois assez peu souvent) pour toutes les belles images de tortures médicales d'enfants qu'ils ont léguées à nos mémoires qui n'en demandaient pas tant.


HA MAIS EN FAIT TU T'Y CONNAIS EN MANGA ? MOI QUI CROYAIS QUE TU N'AVAIS AUCUNE CULTURE, ME VOILÀ BIEN ATTRAPPÉ.

Non. C'est pas vrai. Vous avez raison. Tout ce que je viens de dire a en fait été formulé (en mieux, en plus) par les gens de Koma, une chaîne youtube ma fois fort sympathique. Je leur ai tout volé sans aucun scrupule (c'est internet, c'est la jungle). Je suis un monstre (de connerie).

Le terrible secret enfin révélé.

HA ! T'ES VRAIMENT UN GROS VILAIN !

En tous les cas, c'est pas pour détourner la conversation, ni perdre le reste de crédit que j'avais encore à vos yeux, mais une conclusion s'impose : qu'ils sont cons, ces chinois du Japon, non seulement ils se ressemblent tous, mais, en plus, ils font des récits qui se ressemblent tous aussi.

CE QUI NOUS AMÈNE AUX DEUX BANDE-DESSINÉES QUE JE VOULAIS TRAITER DANS CE POST.

Akira, de Kastuhiro Otomo.


Et Nausicaä de la vallée du vent, de Hayao Miyazaki.


POURQUOI ?

Parce que j'y connais rien en manga et que ce sont des œuvres célèbres que, même moi, j'ai lu. Parce que ce sont deux œuvres similaires et très comparables, qui organisent entre elles des tas de résonances intéressantes à relever, mais dont les solutions politiques pour arriver à casser le cycle de la violence et des apocalypses successives sont radicalement différentes : dans l'un, c'est le pouvoir de l'amour, dans l'autre, c'est le pouvoir de l'anarchie.

POINTS COMMUNS... POINTS COMMUNS... EST- CE QU'IL Y A VRAIMENT TANT DE POINTS COMMUNS QUE ÇA ?

Après tout, Nausicaä (de la vallée du vent, mais bon, je vais pas l'écrire à chaque fois, ça commence à être relou cette histoire) est une espèce de conte fantastique, se déroulant dans un univers d'héroïque fantasy complètement original, dans lequel une jeune princesse (Nausicaä) (qui habite dans la vallée du vent) va se révéler être la leadeuse que l'univers attendait pour que ce soit moins la merde. Akira, lui, est un récit futuriste et uchronique (vous savez, les récit qui commence par « et si... ? » ; « Et si Hitler avait glissé d'une échelle en 38 ? », « Et si Hitler avait gagné la guerre en 45 ? », « Et si Hitler avait été gentil, au fond ? ») (là, pour Akira, c'est : « Et si il y avait une nouvelle bombe qui avait explosé en 1985 et rasé Tokyo ? Comment serait la société japonaise en 2019 ? »), un récit futuriste et uchronique dans lequel une bande de gosses loosers vont se révéler être des gosses loosers vachement impliqués dans l'avenir de la société tokyoïte.

RIEN À VOIR, DONC !

Cependant, même si les données de bases des deux univers sont très dissemblables, une flopée de personnages se retrouvent dans les deux récits. À commencer par les deux archétypes qu'on peut retrouver un peu partout de nos jours, à savoir :

  • Des petits jeunes qui n'en veulent.
Dans Nausicaä, l'héroïne, c'est la fille, le garçon est juste le faire-valoir de service. 

Dans Akira, le héros, c'est le garçon, mais la fille devient le moteur de l'histoire pendant au moins le tiers de celle-ci, avant que le garçon ne repointe le bout de son nez et ne recommence à montrer qui c'est Raoul. Ceci dit, on peut réellement se demander qui est le vrai personnage principal dans Akira. Déjà, c'est pas Akira, ensuite, c'est peut être pas ce fameux garçon, qui disparaît quand même pendant une bonne partie du récit.

One Piece, lui aussi, met en scène des 'tits jeunes ma fois fort sympathiques (et généreusement pourvus) (et avec des goûts vestimentaires de merde).


On note une constante : le garçon est un gros boulet et prend des baffes et la fille a un cerveau.

  • Des vieux mystérieux.
Les vieux mystérieux sont des archétypes très pratiques. Ils viennent de loin, sont super balèzes à la baston, et savent des tas de trucs.

Les lunettes noires : le secret de la classe.



Les sourcils froncés : le secret de l'air sombre et ténébreux et torturé et constipé.

Dans Akira, le vieux flotte au-dessus de tout le monde dans toute la première partie du récit, en donnant l'impression qu'il comprend tout ce qui se passe avec quinze longueurs d'avance sur l'ensemble des autres personnages en balançant des petites phrases sibyllines, ce qui nous donne l'impression qu'il y en a plus à savoir que ce qu'on nous dit vraiment, et nous pousse à continuer à lire pour apprendre ce qui se cache derrière tous ces mystères).

Dans Nausicaä,  bin, euh... c'est exactement pareil. (Sauf qu'en plus, c'est l'arrivée du vieux mystérieux qui amorce tout le récit. On a presque l'impression que c'est lui qui encadre le récit par son arrivée et sa sortie d'y-celui.)

Bref, quand l'auteur sait plus trop quoi faire dans son récit, il appelle le vieux mystérieux, qui sort un jocker de son chapeau, débloque la situation, et relance le bazar.

Deuxième effet kiss-kool : quand on veut montrer que les jeunes ont pris de l'expérience et que ce sont eux les chefs maintenant, bin on met les vieux sur la touche. genre, passage de témoin, voyez ? C'est beau.

Dans Akira, le vieux, à la fin, il a une jambe en vrac, un costume de clochard, et il est abandonné sur le bord d'une route, alors que les héros, eux, ils ont trop la classe.

Vas-y ! Casse-toi, looser ! Laisse la place aux jeunes ! (Akira est une bande dessinée de propagande macronienne.) (Je décrypte, moi.) (Ne dit-on pas que je suis le Jean-Michel Apathie de la bande dessinée ?)

(Ha oui, non, mais, je vous avais pas prévenu mais je vais spoiler comme un goret sur les différents récits cités. Si vous voulez garder des surprises, vous vous êtes trompés de porte.) (Par exemple, dans le paragraphe suivant, je vais trop spoiler Nausicaä, alors sautez le paragraphe si vous voulez garder la surprise du récit et votre âme d'enfant.) 

Dans Nausicaä, le vieux mystérieux meurt comme une merde pour passer le témoin aux générations suivantes (ça arrive souvent aux vieux mystérieux de mourir pour passer le flambeau aux générations suivantes) (Ben Kenobi, nous ne t'oublions pas).

Attention chérie, ça va couper.

DONC, CE QUE TU DIS, C'EST QU'IL Y A DES PERSONNAGES SEMBLABLES DANS LES DEUX BOUQUINS, MAIS COMME DANS 36 AUTRES MANGAS QUI EXISTENT. ET QUE TA DÉMONSTRATION EST NULLE. TU T'AUTO-SABORDES.

Il y a de ça, mais pas que. Il y a aussi des personnages identiques dans les deux mangas, qu'on retrouve beaucoup moins dans le reste de la production.

HA OUI ? LESQUELS PAR EXEMPLE ?

Je vous le dirai la semaine prochaine.

TU MÉRITES DES BAFFES AVEC TES CLIFFHANGERS POURRIS.

Je sais.

C'est sympa, merci.

2 commentaires:

  1. Rufio a réitéré : «KOMA : Manga et esthétiques de la boxe», avec des vrais morceaux d'explications de planches dedans. https://www.youtube.com/watch?v=vaz5ttQvLPw

    Voici le prétexte pour vous exprimer toute ma gratitude pour ce blog docte et marrant (mais docte surtout)(mais marrant aussi)(mais qui s'emmêle parfois avec les parenthèses). Grâce à sa lecture j'ai compris *pourquoi* j'aimais la bédé (bon, sur cette page, c'est du manga, mais 1° c'est pas parce que j'en ai jamais lu que je n'aimerais pas, je ne sais simplement pas encore, et 2° j'apprécie de savoir qu'il existe des trucs-bien-fignolés-que-je-n'aimerai-peut-être-même-pas-mais-qui-apportent-du-sang-et-un-regard-neufs-à-des-trucs-que-j'apprécie)

    Là ce soir, je finis ma relecture du blog, j'en suis aux posts de 2017, il me reste si peu de billets à relire, que ferai-je ensuite, dans un pays sans papier glacé, à mille lieues du premier rayon bédé venu (l'avalanche de comix inspirés des films de capes et d'escrocs ne comptant pas, j'ai mes limites) ? Réapparaissez, c'est le cri de mon cœur qui se jette à vos pieds !

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  2. Tout ça est très gentil merci.

    J'étais en train de réfléchir à une nouvelle forme du blog (avec des billets plus courts) (alias moins chiants) et puis, patatra, un cruel manque de temps s'est abattu sur moi. Ceci dit, j'espère toujours reprendre du service bientôt.

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