Uderzo met tout le monde d'accord sur cette histoire de gravité et on peut partir en vacances de Noël l'esprit tranquille.
Goscinny, Uderzo, et le coloriste masqué, Astérix - Obélix et compagnie, chez un peu beaucoup d'éditeurs, à force, je suis plus.
SI VOUS EN AVEZ FINI AVEC LA GRAVITE, LA GRAVITE N'EN N'A PAS FINI AVEC VOUS.
Il existe une méthode hyper élégante pour dessiner la gravité. Ne pas dessiner son effet sur les habits des personnages. ne pas dessiner son effet sur les mouvement des personnages. Ne pas dessiner son effet sur les positions des personnages. Dessiner son effet sur les corps eux-mêmes.
Il existe une méthode hyper élégante pour dessiner la gravité. Ne pas dessiner son effet sur les habits des personnages. ne pas dessiner son effet sur les mouvement des personnages. Ne pas dessiner son effet sur les positions des personnages. Dessiner son effet sur les corps eux-mêmes.
Ce que fait Picault en dessinant le ventre et les bras de la mouche-moche qui s'affaissent légèrement sous leur propre poids.
(Le trait du bras n'est pas tout droit, il courbe un peu vers le bas.)
Mais ce qu'elle ne fait pas toujours, parce que, des fois, bin, elle a envie de faire autre chose (CQFD).
MAIS PARLONS DÉJÀ DES CORPS EN EUX-MÊMES, CE SERA UNE BONNE CHOSE DE FAITE.
Uderzo, très clairement, pousse la caricature de son dessin très loin et utilise carrément des personnages difformes.
Uderzo, très clairement, pousse la caricature de son dessin très loin et utilise carrément des personnages difformes.
Et des personnages a ventre encore plus gros que le très gros ventre (le mec est un ballon, en fait).
Partant de là, Uderzo dessine presque un univers à la Barbapapa, avec des personnages qui prennent des formes zarbis, juste parce que c'est rigolo. (Ok, Obélix ne prend pas la forme d'une voiture, mais il prend quand même la forme d'un ballon.)
Seulement, si les aventures d'Astérix marchent sur la caricature de notre propre mode de vie et qu'il est fort logique que le dessin d'Astérix soit également une caricature ; si les aventure d'Astérix sont comiques et qu'il est fort logique que le dessin d'Astérix soit également comique ; si les aventures d'Astérix font voler les romains et qu'il est fort logique que le dessin d'Astérix fasse voler les romains ; point trop n'en faut.
Uderzo et la caricature : une longue histoire d'amour. (Ici, c'est censé représenter Chirac jeune.)(Ok. C'est pas super évident.) (Surtout pour ceux qui n'ont pas connu Chirac, ou encore moins Chirac jeune.)
Uderzo a poussé le bouchon si loin qu'on risque de ne plus se reconnaître dans ces personnages aux physiques très étranges et qu'il faut corriger le tir d'une manière ou d'une autre en ramenant ces personnages dans un monde qui nous ressemble.
Un monde de gravité.
Un monde de gravité.
UN MONDE COMME LE NOTRE, AVEC DES NEZ DE SEPT KILOS.
Uderzo ne déforme jamais les corps de ses personnages. Ils sont difformes, mais pas déformés (Attention, cette phrase contient une subtilitay de vocabulaire de la langue française, ami lecteur allemand, bonne chance). Il n'allonge pas un bras pour hyperboler un coup de poing, il n'allonge pas les jambes pour accentuer le coup reçu. Tout se passe comme si on partait du principe que les personnages ont des corps chelous. Bon. Ok. Mais que ces corps étranges évoluent exactement dans le même univers que nous (gravité, politique, pilosité, ils sont tout pareils que nous sauf sur leur forme, quoi). (C'est donc bien une caricature, je viens de paraphraser ce que j'ai dit plus haut, je vieillis.)
Alors que dans cette case, l'ensemble des corps représenté reste cohérent, sans un poil d'élongation d'une tête, d'un bras, d'une jambe pour exagérer/amplifier le mouvement et l'impact.
L'important est que les corps des personnages restent réalistes dans leur irréalisme (c'est pourtant clair). C'est pour ça que, au fur et à mesure des albums de Astérix, les personnages gagnent en détails, en cheveux fous, en poils sur les phalanges des doigts, en rides. Leurs corps (bien que toujours caricaturaux), gagnent en détails réalistes.
Uderzo a lui aussi dealé avec cette fameuse vallée dérangeante sans la franchir : il a réalisé un dessin photo-réaliste (c'est le grand truc des images de synthèse d'animer le moindre poil et cheveu de leurs personnages ; et bin Uderzo fait pareil et dessine le moindre poil et cheveu de ses personnages) mais en conservant un aspect caricatural qui permet de rester en repli de la vallée. On a le réalisme et le non-réalisme dans le même dessin. le meilleur des deux mondes. Chapeau l'artiste.
OK. D'ACCORD. C'ÉTAIT SUPER. ET SI ON PARLAIT DE GRAVITÉ ? PARCE QUE JE TE RAPPELLE QU'ON EST VENU POUR ÇA, A LA BASE.
Uderzo installe d'abord cette gravité grâce au fameux centre de gravité, qui n'est jamais pris en défaut dans son dessin (malgré les formes alternatives de leurs corps, on n'a jamais l'impression que les personnages vont tomber sur leurs fesses ou sur leur nez parce que leurs centres de gravité sont toujours placés à la verticale de leurs pieds).
Puis il décrit les effets de cette gravité sur les corps de ses personnages, ce qui voudra dire concrètement que les différents membres des corps des personnages vont ployer légèrement sous le fait de leur propre poids.
Ce ne sont pas simplement les corps des personnages qui sont soumis à la gravité, mais chaque bout de chaque corps de chaque personnage. Faisant ceci, Uderzo nous révèle la structure de ces corps. On peut y deviner ce qui est du muscle, ce qui est de la graisse, et même comment est fichu le squelette.
Alors, OK, Uderzo anime peut être une espèce d'homme ballon avec un nez de sept kilos et un ventre d'une demi tonne, MAIS, comme on devine, dans la moindre ce ses postures, la construction de ce corps difforme, on y croit à mort.
COMME UN DINOSAURE, MAIS EN GAULE.
C'est le même phénomène qui est à l’œuvre dans les images de synthèse des films modernes. On sait très bien que les dinosaures n'existent plus. On sait très bien que des hommes bleus de deux mètres de haut vivant dans une planète lointaine, c'est chelou MAIS comme ils sont bien animés, qu'on peut voir les os bouger sous la peau des T-Rex et les antennes se dresser dans les slips des hommes bleus, on y croit à mort. Ce sont peut être des créatures incroyables, mais ce sont des créatures incroyables qui évoluent de manière drôlement crédible (comme nous) dans un univers vachement crédible (le nôtre).
Il n'y aura jamais de déformation / exagération à la Tex Avery dans le dessin d'Uderzo.
Alors que dans cette case, l'ensemble des corps représenté reste cohérent, sans un poil d'élongation d'une tête, d'un bras, d'une jambe pour exagérer/amplifier le mouvement et l'impact.
Par contre, il a trouvé un truc pour déformer sans déformer : la sandalette.
Ou la chaussurette, ça dépend des jours.
La sandalette, ça permet de donner l'impression que les pieds restent au sol et que le reste du corps monte-monte et se déforme-déforme tout en restant dans les clous de lois physiques classiques (à supposer que dans les lois physique classiques, il y en ait une qui explique pourquoi les boucles des sandalettes se détachent au moindre choc. Les romains faisaient de terriblement mauvaises godasses.)
Ça marche aussi avec les casques qui, en se décollant du visage des romaines, donnent l'impression que ces fameux visages s'allongent sous le choc du coup de poing.
Petites cernes sous les yeux, rides, ridules, cheveux fous, poils au menton, poils aux bras, poils aux doigts.
(Ce n'est pas un hasard si Uderzo est un des seuls dessinateurs à dessiner les poils des bras.
C'est parce que la recherche du détail crédible est une des pierres angulaires de son dessin.)
En fait, Uderzo a trouvé un moyen de dessiner ça :
sans que cela soit gerbos.
J'espère que vous vous rendez compte de la performance.
(Bon, c'est pas complètement vrai, parce que ce qui fait la différence entre le Homer ci-dessus et Astérix est en fait la texture de la peau. En restant avec des couleurs en aplat, Uderzo (enfin, son coloriste-jamais-crédité) (mais qui est cet homme ?) (est-ce Zorro ?) (est-ce Fantômas ?) (est-ce une femme) (on va quand même pas commencer à créditer les femmes ?) s'épargne bien des soucis.
(Donc, ok, j'ai triché, mais c'était pour avoir un argument bien percutant, et comme je vois en ce moment
des tas de grosses blondes qui presque-gagnent des élections en faisant ça à la télé, je suppose que c'est la bonne méthode.)
OK. D'ACCORD. C'ÉTAIT SUPER. ET SI ON PARLAIT DE GRAVITÉ ? PARCE QUE JE TE RAPPELLE QU'ON EST VENU POUR ÇA, A LA BASE.
Uderzo installe d'abord cette gravité grâce au fameux centre de gravité, qui n'est jamais pris en défaut dans son dessin (malgré les formes alternatives de leurs corps, on n'a jamais l'impression que les personnages vont tomber sur leurs fesses ou sur leur nez parce que leurs centres de gravité sont toujours placés à la verticale de leurs pieds).
Cette notion a l'air tout basique, dite comme ça, mais, bon, c'est pas si évident, certains autres auteurs ont du mal avec :
(Un exemple au pif.)
(Un exemple au pif.)
Puis il décrit les effets de cette gravité sur les corps de ses personnages, ce qui voudra dire concrètement que les différents membres des corps des personnages vont ployer légèrement sous le fait de leur propre poids.
On voit ça très bien quand les sangliers (ou les romains) se font trimbaler sur le dos d'Astérix ou sous les bras d'Obélix.
On voit bien sûr ça très bien quand n'importe quel corps de n'importe qui pendouille.
Et on voit ça un peu moins bien mais restez concentrés avec les postures et les squelettes des personnages (et des épaules tombantes sauf en cas d'action qui les mobilise).
Mais d'ailleurs, les muscles mêmes sont tombant, sauf en cas d'action qui les mobilise et les bande (ce n'est pas sale).
(Ici, Uderzo dessine vachement bien le gras du bras, et le muscle sous le gras, le cas échéant.)
(Ici, Uderzo dessine vachement bien le gras du bras, et le muscle sous le gras, le cas échéant.)
Ce ne sont pas simplement les corps des personnages qui sont soumis à la gravité, mais chaque bout de chaque corps de chaque personnage. Faisant ceci, Uderzo nous révèle la structure de ces corps. On peut y deviner ce qui est du muscle, ce qui est de la graisse, et même comment est fichu le squelette.
Alors, OK, Uderzo anime peut être une espèce d'homme ballon avec un nez de sept kilos et un ventre d'une demi tonne, MAIS, comme on devine, dans la moindre ce ses postures, la construction de ce corps difforme, on y croit à mort.
COMME UN DINOSAURE, MAIS EN GAULE.
C'est le même phénomène qui est à l’œuvre dans les images de synthèse des films modernes. On sait très bien que les dinosaures n'existent plus. On sait très bien que des hommes bleus de deux mètres de haut vivant dans une planète lointaine, c'est chelou MAIS comme ils sont bien animés, qu'on peut voir les os bouger sous la peau des T-Rex et les antennes se dresser dans les slips des hommes bleus, on y croit à mort. Ce sont peut être des créatures incroyables, mais ce sont des créatures incroyables qui évoluent de manière drôlement crédible (comme nous) dans un univers vachement crédible (le nôtre).
Y A PAS QUE LA GRAVITÉ DANS LA VIE.
Au final, Uderzo n'utilise pas seulement la gravité pour faire tomber bêtement des trucs et nous rappeler que ses héros vivent dans le même univers que nous. Il l'utilise également pour dessiner la peau, le gras, les os.
Ces personnages ne sont pas simplement vivants et bons vivants par leurs caractères.
Ils le sont également par leurs corps mêmes. Ils sont emplis de vie dès la première case, dès le premier pas de chaque héros dans l'histoire.
Au final, Uderzo n'utilise pas seulement la gravité pour faire tomber bêtement des trucs et nous rappeler que ses héros vivent dans le même univers que nous. Il l'utilise également pour dessiner la peau, le gras, les os.
La peau.
Le gras.
Les os.
Ces personnages ne sont pas simplement vivants et bons vivants par leurs caractères.
Petit jeu pour les vacances de Noël :
Dans cette première case de l'aventure d'Astérix le gaulois intitulée Obélix et compagnie se trouve de la vie.
Sauras-tu la reconnaître ?