Nous en étions donc resté la semaine dernière
au fait que Gus Bofa a influencé tout
un tas d'auteurs de la bande dessinée actuelle, dont Christophe Blain, et des
tas de copains de Christophe Blain estampillés nouvelle bande dessinée
française au lait de soja sans sucre raffiné.
ALORS, ATTENTION !
Comme le souligne l'auteur des deux livres Bofa et Le salon de l'araignée, il ne faut pas voir un lien direct entre les deux groupes qui aurait miraculeusement franchi l'espace et le temps. Non. Entre Bofa et Blain, il y a des intermédiaires.
Par exemple : Tardi (lui même influence de la plupart des auteurs de la nouvelle bande dessinée au bon goût de ricoré). Bofa avait fait la guerre. Tardi s’intéressait à la guerre. Tardi s'est donc logiquement intéressé à Bofa.
C'était la guerre des tranchées de Tardi et Les poissons morts de Pierre Mac Orlan et Gus Bofa.
Une fois Bofa redécouvert par le club de la Nouvelle Bande Dessinée Française de qualité enrichie en oligo-éléments, celle-ci y a trouvé un intérêt très fort, qui l'a poussée à décortiquer le style, les motivations, les tenants et les aboutissants afin de comprendre et d'apprendre les manières artistiques « de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées » ce qui a alors naturellement constitué « ces personnes en une collectivité particulière et distincte » qui est venu s'accoler à celle du Salon de l'araignée.
Et donc, par exemple, au hasard, dans se groupe, il y a Blutch.
TOUS UNIS DANS L'AMOUR DE LA FEMME NUE !
Gus Bofa, Libido - Notes d'érotisme diffus.
Blutch, La beauté.
Bofa, donc...
... Et Chas Laborde, un ami contemporain de Bofa.
Toujours Bofa...
... Et Jean Veber, un prédécesseur de Bofa cette fois-ci,
travaillant aussi sur le mystère féminin, apparemment...
Et le mystère féminin, c'est un peu sa passion, à Blutch...
Des fois un peu trop, même...
M'enfin, il n'est apparemment pas le seul...
Et, finalement, ça permet de boucler la boucle...
CE N'EST BIEN SÛR PAS LE SEUL THÈME COMMUN QUE L'ON PEUT DÉCELER ENTRE LES DEUX ARTISTES QUI SE SONT AUSSI, PAR EXEMPLE, INTÉRESSÉS AUX AMBIANCES POURRIES.
Un dessin original de Blutch, je dis merci à l'internet.
Gus Bofa, Malaises.
OU AU MYSTÈRE MYSTÉRIEUX...
Blutch, Mitchum n°3
Gus Bofa dans je sais pas quoi, tout le monde peut avoir un instant de faiblesse...
Le gros crétin Blotch, de Blutch (à ne pas confondre avec Bleach).
L'âme de gauche de Gus Bofa.
Et l'humour pourri de Caran d'Ache.
(Dites donc, les gars, c'est quoi ces clichés sur les gros, hein ? C'est pas joli-joli.)
A ma gauche, Blotch, à ma droite, Caran d'Ache. Le choc sera terrible.
Humour pourri, anti-dreyfusisme, connerie ambiante, poses de stars, regard vide...
A part le talent de dessinateur, je ne vois pas beaucoup de différences entre les deux...
CE SERAIT UN PEUT TROP SIMPLE DE NE VOIR DANS CES GENS QUE DES ARTISTES CONSANGUINS QUI SE POMPENT LES UNS LES AUTRES A QUI MIEUX MIEUX...
On entre dans le côté compliqué des personnes partageant une culture commune...
Est-ce que :
Est-ce que :
- Blutch lit des bouquins.
- Il tombe sur Bofa.
- Il trouve ça super.
- Il se dit : « hé bin c'est pas compliqué, j'ai qu'à faire pareil ; j'ai qu'à dessiner des femmes nues ».
Ou est-ce que :
- Blutch s'intéresse à la femme nue.
- Il tombe sur Bofa.
- Il trouve ça super, sa manière de représenter la femme nue.
- Il se dit : « hé bin c'est pas compliqué, j'ai qu'à faire pareil quand je dessine des femmes nues ».
Ou encore est-ce que :
- Blutch s'intéresse à la femme nue.
- Il trouve des solutions graphiques pour représenter la femme nue comme il aime bien.
- Il tombe sur Bofa.
- Il se dit : « hé bin dis donc, il a trouvé les mêmes solutions que moi, il doit réfléchir comme moi, voyons ce que je peux lui piquer sur d'autres sujets ».
Ou, finalement, est-ce que :
- Blutch s'intéresse à la femme nue.
- Il trouve des solutions graphiques pour représenter la femme nue comme il aime bien.
- Il trouve des solutions graphiques pour représenter d'autres trucs qu'il aime bien.
- Il tombe sur Bofa.
- Il se dit : « hé bin ce mec ne me sert à rien, je sais déjà faire tout ce qu'il sait faire ».
Et, en fait, ce sont en général toutes ces mécaniques qui rentrent en jeu en même temps.
Des fois, un auteur précède ses influences sur certains points techniques, des fois il s'en inspire, des fois il s'en écarte. C'est souple.
Parfois, un auteur en vient à s'intéresser à un de ces prédécesseur parce qu'il a remarqué que tous deux s'intéressent aux mêmes techniques graphiques et qu'il cherche de nouveaux thèmes. Parfois, c'est l'inverse.
Il est très difficile dans ces cas d'identifier qui fait la poule et qui fait l’œuf. Est-ce qu'on vient à tel dessin par tel sujet, ou à tel sujet par tel dessin ? Est-ce qu'on vient à tel auteur par tel sujet ou à tel sujet par tel auteur ? Est-ce qu'on vient à tel dessin par tel auteur ou à tel auteur par tel dessin ?
C'est très compliqué.
PAR EXEMPLE, TOUT LE MONDE SEMBLE S’INTÉRESSER AU DÉFI GRAPHIQUE DU MOUVEMENT.
ET QUI DIT MOUVEMENT DIT DANSE.
Quand Blain arrive à fusionner danse et femme nue, là, on atteint un peu une acmé de quelque chose.
Blutch, dans un moment de faiblesse, rhabillera sa danseuse.
Comme Bofa, d'ailleurs, allez savoir pourquoi.
Une recherche de plus de classicisme, je suppose...
Oh ! Un petit nouveau ! (Parce que Bastien Vivès fait parti des gens influencé par les gens influencés par Gus Bofa.)
(La post nouvelle bande dessinée.) ('Faut suivre.)
Ce qui lui permet, lui aussi, de conjuguer fascination pour les jeunes filles en fleur et pour le mouvement (c'est malin).
Ah bin voilà ! Blutch recommence à déshabiller tout le monde.
Je savais bien que ce n'était qu'un coup de moins bien passager.
UNE DANSE QUI PEUT DEVENIR UN COMBAT.
Un combat de femmes nues, hein, faut pas perdre les bonnes habitudes.
Un combat qui devient un spectacle.
Ouhlà ! Un combat qui devient un spectacle un peu sale, quand même.
Un spectacle qui... Euh... Hum... (Jean Veber était du genre torturé.)
UN COMBAT QUI PEUT DEVENIR UNE DANSE.
Blain revient à des choses un peu plus convenable quand il s'agit de dessiner pour les 7 à 77 ans.
Avec toujours cet humour truculent qui caractérise Caran d'Ache (7 à 77 ans, on vous dit).
Et quel combat plus noble que celui du noble art ? Surtout dessiné par Bofa.
Ou par Dunoyer de Segonzac (un copain de Bofa).
Blutch, A quatre poing, Lapin n°18.
Ou le free fight dessiné par Bastien Vivès, Michaël Sanlaville et Balak dans Lastman. Oui, aussi.
Lastman, dans lequel chorégraphies façon danseur du bolchoï et coup de poing de brute font bon ménage.
BREF : TOUT LE MONDE EST COPAING.
Il y a donc plus, dans les jeux d'influence qu'un simple « c'est pas mal ce qu'il fait, je vais lui piquer ».
Il y a, en fait, un sorte de communion d'esprit.
Plus qu'un lien de succession entre deux formes artistiques, il faut y voir une progression en parallèle, en bon compagnonnage. Un groupe homogène s'appuyant les uns sur les autres à travers le temps.
Finalement, chez tous ces gens, la culture se manifeste des deux manières évoquées au début de tout ce pataquès en formant bien « un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, » (sans qu'on sache bien dans quel sens cela marche) « servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte ».
BREF, GUS BOFA NOUS FAIT UNE PETITE SYNTHÈSE...
Et bim !
LA SEMAINE PROCHAINE, UN NOUVEL EXEMPLE DE CULTURE QUI, CETTE FOIS-CI, DÉPASSE ALLÈGREMENT LES FRONTIÈRES DE LA BANDE DESSINÉE.
P.S. Si vous aimez les belles illustrations d'hier et d'aujourd'hui, voilà quelques beaux sites auxquels je dois la quasi totalité des illustrations de ce post, en particulier concernant Gus Bofa.
P.S. Si vous aimez les belles illustrations d'hier et d'aujourd'hui, voilà quelques beaux sites auxquels je dois la quasi totalité des illustrations de ce post, en particulier concernant Gus Bofa.