Quelques pages de bande dessinée de temps en temps.

Une critique essayant d'être intéressante à cette occasion.

Un aspect particulier de la bande dessinée à chaque critique.


dimanche 28 février 2016

La bande dessinée est un multi-mythe magique, le retour.

BONUS TRACK !!

Aujourd'hui, un post qui ne sert à rien du tout, sauf à démontrer que mon histoire d'archétype, c'est pas des carabistouilles, puisqu'on peut l'appliquer à des tas de personnages différents sans changer une seule ligne de mon texte (ça n'a donc aucun intérêt de lire le post, hein, c'est purement rhétorique comme démarche) (si vous tombez sur ce post en premier, il faut aller lire celui sur Sandman et revenir ici ensuite pour regarder les zolis zimages).

(Et tout ça n'a rien à voir avec le fait qu'au départ j'avais fait un post sur Horus avant celui sur Sandman et qu'on m'a ensuite dit « Ouiiiiii c'est bien, hein, mais tu avais pas dit que tu faisais des posts sur des archétypes en personnages principaux ? Et, là, Horus, c'est quand même pas le personnage principal, non ? ». Ce à quoi j'ai répondu : « Haha, oui. Alors. Oui. Bon. Alors. Euh... Oui... Euh... Alors... Et sinon ? La candidature de Jean-François Copé aux primaires de droite ? Est-ce que ce ne serait pas un coup de tonnerre dans le Landerneau politique ? »

MAIS NE CHANGEONS PAS DE SUJET, ÇA RISQUERAIT D'ALLER TROP LOIN.

Horus nous montre ce qu'est la figure du magicien. 

Enki Bilal, La trilogie Nikopol - la foire aux immortels, les humanoïdes associés.

De manière assez évidente, le magicien a de grands pouvoirs, et de grandes capacités. Il change de visage. Il voyage dans le temps. Dès qu'il arrive quelque part, on le connaît et le reconnaît, soit parce qu'il est déjà venu et y a laissé sa marque, soit parce que sa réputation le précède. Mais son plus grand pouvoir est, avant tout et paradoxalement, sa connaissance quasi-illimitée, qui lui permet de faire des tas de trucs bizarres. 

  • Voyage dans le temps.
De son côté, Le Docteur possède une machine à voyager dans le temps, c'est donc lui qui peut le faire de la manière la plus évidente.

Une machine à voyager dans le temps qui a la forme d'une grosse boîte bleue.

MAIS il faut comprendre que la plupart des magiciens ne voyage dans le temps que de la plus simple des manière : en ne mourant pas. Ils voyagent dans le temps de manière simplement linéaire, en prenant leur temps et par le chemin, certes le plus long, mais le plus efficace. C'est le cas de Merlin, qui ne prend l'apparence d'un vieux mystérieux que pour coller aux clichés de son époque mais peut très bien apparaître à ses contemporain en bel éphèbe qui tombe toutes les filles (et tous les garçons). C'est le cas de manière un brin tirée par les cheveux de Arsène Lupin, qui inscrit sa trajectoire dans toute l'Histoire de France, en gagnant les trésors des rois de France dans l'aiguille creuse, ou en conquérant la moitié de l'Afrique pour son pays (il est très cocardier) dans les dents du tigre.

Voilà, chez les magiciens, et plus particulièrement chez les dieux, on parle en fractions d'éternités.
Ça doit être long. Surtout vers la fin.

Même les vaisseaux spatiaux traverse le temps sans une ride.
Tous ensemble : par delà l'espace et le temps, Horus revient hinhinhin, Horus reviiiiiennnnt hiiin hiiiin.

  • Changement d'apparence.
C'est le pouvoir principal de Merlin, qui prend l'apparence de ce qu'il veut, jeune garçon ou albatros, quand ça lui chante. Arsène Lupin, lui, est un génie du déguisement, à tel point que la moitié de ses aventures se passe en apparence sans lui, avant qu'on réalise que le petit vieux, le commissaire bagarreur, où le comte Machin-Truc sont en fait Lupin déguisés. Le docteur Fate est télépathe est peut se glisser dans l'esprit de n'importe qui.

C'est la même sauce pour Horus, qui se glisse dans la tête des gens et les force à faire des trucs. Il pique l'apparence des autres, quoi. En même temps, quand t'es à poil avec un bec, vaut mieux faire ça pour pas te faire refouler de pôle emploi.



  • Pouvoir illimité.
Lupin a plus de pognon que la reine d’Angleterre. Le Docteur Fate accumule les connaissances de toutes les personnes qu'il rencontre. Le Docteur voyage depuis tellement longtemps dans tous l'univers qu'il connaît tout sur tout et a tout vu. Merlin parle aux arbres et aux animaux, est le fils du diable et connaît l'avenir. Chacun dans leur genre (plus ou moins réaliste), chaque personnage dispose d'une telle puissance de feu que, dès qu'ils se font un peu embêter, la question n'est pas « est-ce qu'ils vont s'en sortir » mais « comment le perturbateur ne va-t-il pas finir en pâtée pour chien avariée ».

Forcément, s'il a une jambe en acier, c'est triché.

  • Folie douce.
Le revers de la médaille est que, tant de connaissances, tant de pouvoir, ça a un coût, et que, en général, le magicien yoyotte un poil de la toiture. Il a déjà un ego sur-dimensionné, mais, ça, c'est juste rigolo, et pas trop handicapant socialement. Par contre, il est un peu autiste sur les bords, et ne se rend pas toujours bien compte de l'impact qu'a ses actions sur ses contemporains et compagnons. Résultat, à force de jouer à l'apprenti sorcier, il se retrouve à un peu tout détruire autour de lui.

Merlin, et bin, bon, on peut pas dire que Camelot et la poursuite du Graal se termine dans la joie et l’allégresse. Le Docteur partage sans cesse la vie de compagnons qui finissent en ruines. Arsène Lupin est toujours bien seul, dans sa vie de Dominique-Strauss-Kahn-James-Bond-Je-Couche-Une-Fois-Pas-Deux. le Docteur Fate, c'est un peu différent, les connaissances auxquelles il est confronté le rendant, lui (et pas les autres), complètement zinzin au bout d'un certain temps.

Chez Horus, y a deux choses. Déjà, il est effectivement un peu zinzin :


Mais surtout, en se glissant dans leurs têtes, il rend zinzin les autres (il déteint) (Horus, le dieu qui tache) :



  • Tout ceci pour amener à la caractéristique principale et commune à tous les magicien : il est tout triste dans son coin.

Alors, là, ça se voit pas forcément, mais je vous assure qu'il est violent à cause d'une enfance difficile et solitaire.

Tout triste parce que dès qu'il fait un mouvement, ça chie dans la colle pour les personnes autour de lui (et pas pour lui-même, vu qu'il est trop fort). Tout triste parce qu'il se retrouve à connaître et posséder trop de choses, sans but, sans pouvoir taper plus haut. Bref : tout triste parce qu'il se fait chier.

Le magicien nous offre ainsi un miroir inversé. L'ensemble de ses pouvoirs ne sont présents que pour créer un contraste et une distanciation entre nous et le personnage. On ne pourra jamais s'identifier à un tel gugusse surpuissant. J'ai déjà du mal à pas faire cramer mes œufs au plat, alors connaître le futur, c'est pas prêt de m'arriver.

En fait, Nikopol et Horus sont les deux faces d'une même pièce. La figure de Horus est simplement beaucoup plus outrée pour faire ressortir toute l'humanité du personnage de Nikopol.

Partant de là, deux solutions :

1°) Tous les personnages l'entourant nous paraissent tout d'un coup beaucoup plus proches de nous. On cherche à s'identifier à quelqu'un, ce ne sera certainement pas le magicien, du coup ce sera le personnage juste à côté, quel qu'il soit, il sera déjà plus normal et proche de nous. Et peu importe que ce soit le roi Arthur ou la princesse de Bohême. On marchera quand même à fond les ballons. Le magicien révèle par contraste la beauté de la condition humaine.

Enki Bilal - figure 1 : l'optimise à tout craint face à la condition humaine.

2°) Notre propre vie nous paraît soudain plus digne d'intérêt. Certes il est sur-puissant, sur-riche, il a amassé toutes les connaissances du monde et il peut te mettre la misère à Trivial Pursuit sans aucun souci. Certes on ne pourra jamais rattraper notre retard, puisqu'il voyage dans le temps et dans l'espace et est quasi-immortel. Mais il est MALHEUREUX de cette situation. Et vous savez quoi ? Les seuls moments où il est un peu heureux, c'est quand il a son petit shoot d'adrénaline de nouveauté. Quand il est confronté à une situation qu'il ne connaît pas ou qui le met simplement en difficulté. Là, il kiffe. Et vous savez re-quoi ? Nous, on sera tout le long de notre vie confronté à cette situation. Être en difficulté. Apprendre des trucs. Voir de nouvelles choses. Les mecs les plus puissants de l'univers prient à genou pour vivre les choses que l'on vit tous les jours.




Pour re-citer du Baudelaire : au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau.

Tout d'un coup, les qualités des autres personnages apparaissent de manière plus flagrante quand ils sont confrontés au magicien qui, lui, est complètement lunatique, mégalomane, à la limite de la folie, anti-doué dans ses relations aux autres, complètement privé d'empathie. Les autres personnages, confrontés à ce demi-dieu, font ressortir leur qualités bien humaine : de compréhension, de solidarité, de rêves.

Ne pouvant s'identifier à la figure du magicien, perché bien trop haut pour nous, celui-ci nous jette dans les bras des autres personnages, que nous trouvons soudain bien plus séduisant, valeureux, courageux, profond, moraux qu'ils ne nous aurait paru précédemment.

T'as beau parler tout zarbi et avoir la gueule de travers, la jolie fille te préférera toujours au mec à tête de rapace.

Pour résumer : le magicien est un tel repoussoir qu'il jette tout le monde dans les bras les uns des autres.

Ce personnage de compagnon du magicien n'est plus un pauvre type un peu paumé qui fait tout de travers (Arthur qui foire sa quête du Graal dans les grandes largeurs et se fait piquer sa gonzesse, par exemple) (pourtant, là, j'ai pas choisi le plus moche, il est roi) (il est roi mais il rate tout quand même) mais un gars dont les qualités nous crèvent enfin les yeux (Arthur en chie, c'est sûr, mais il a un idéal, il s'y accroche, et ne lâche rien, malgré les épreuves).

Le magicien est comme la moutarde : il redonne goût et vivacité à des vies de personnages qui paraissaient grises et plates.

Le tour de magie de ce personnage est là. Transformer, par sa simple présence, notre regard sur la vie de tous les personnages qui l'entourent.


ÇA FAIT QUAND MÊME BIEN PLAISIR DE LIRE DES POSTS QUI SERVENT À RIEN, NE DITES PAS LE CONTRAIRE !

vendredi 26 février 2016

La bande dessinée est un multi-mythe magique.

Sandman (le marchand de sable, le roi des rêves) nous montre ce qu'est la figure du magicien.

Neil Gaiman et toute un tripotée de dessinateurs qui changent sans arrêt, tellement que, d'habitude, on ne cite que Gaiman, 
et je vais pas échapper à la règle mais je vais quand même dire que c'est une traduction de Patrick Marcel,
Sandman, Urban Comics.

De manière assez évidente, le magicien a de grands pouvoirs, et de grandes capacités. Il change de visage. Il voyage dans le temps. Dès qu'il arrive quelque part, on le connaît et le reconnaît, soit parce qu'il est déjà venu et y a laissé sa marque, soit parce que sa réputation le précède. Mais son plus grand pouvoir est, avant tout et paradoxalement, sa connaissance quasi-illimitée, qui lui permet de faire des tas de trucs bizarres. 

  • Voyage dans le temps.
De son côté, Le Docteur possède une machine à voyager dans le temps, c'est donc lui qui peut le faire de la manière la plus évidente.

Une machine à voyager dans le temps qui a la forme d'une grosse boîte bleue.

MAIS il faut comprendre que la plupart des magiciens ne voyage dans le temps que de la plus simple des manière : en ne mourant pas. Ils voyagent dans le temps de manière simplement linéaire, en prenant leur temps et par le chemin, certes le plus long, mais le plus efficace. C'est le cas de Merlin, qui ne prend l'apparence d'un vieux mystérieux que pour coller aux clichés de son époque mais peut très bien apparaître à ses contemporain en bel éphèbe qui tombe toutes les filles (et tous les garçons). C'est le cas de manière un brin tirée par les cheveux de Arsène Lupin, qui inscrit sa trajectoire dans toute l'Histoire de France, en gagnant les trésors des rois de France dans l'aiguille creuse, ou en conquérant la moitié de l'Afrique pour son pays (il est très cocardier) dans les dents du tigre.

C'est le cas de Sandman. Le mec, il gère les rêves. Les gens rêves depuis pas mal de temps maintenant. 
Donc il est là depuis pas mal de temps. CQFD. Imparable.


Et donc il peut se permettre de narguer les humain sur le thème « toi tu vas mourir et pas moi, nananèèèrrreuh ».
Et puis ça fait le mec profond qui a compris la vie, donc, pour draguer, c'est pas négligeable non plus.

  • Changement d'apparence.
C'est le pouvoir principal de Merlin, qui prend l'apparence de ce qu'il veut, jeune garçon ou albatros, quand ça lui chante. Arsène Lupin, lui, est un génie du déguisement, à tel point que la moitié de ses aventures se passe en apparence sans lui, avant qu'on réalise que le petit vieux, le commissaire bagarreur, où le comte Machin-Truc sont en fait Lupin déguisés. Le docteur Fate est télépathe est peut se glisser dans l'esprit de n'importe qui.

Sandman, lui, bin il a un peu l'apparence que chacun imagine. Il est noir en Afrique, élisabéthain avec Shakespeare, 
chat avec les chats. Ce qui compte, c'est qu'il reste sexy, parce qu'il aime bien se la péter.

  • Pouvoir illimité.
Lupin a plus de pognon que la reine d’Angleterre. Le Docteur Fate accumule les connaissances de toutes les personnes qu'il rencontre. Le Docteur voyage depuis tellement longtemps dans tous l'univers qu'il connaît tout sur tout et a tout vu. Merlin parle aux arbres et aux animaux, est le fils du diable et connaît l'avenir. Chacun dans leur genre (plus ou moins réaliste), chaque personnage dispose d'une telle puissance de feu que, dès qu'ils se font un peu embêter, la question n'est pas « est-ce qu'ils vont s'en sortir » mais « comment le perturbateur ne va-t-il pas finir en pâtée pour chien avariée ».

Donc, voilà, Sandman, du coup, dans le rêve, il peut être super grand et super puissant et puis se la jouer. 
« Oui je vais te tuer, ou peut être pas, chais paaaas, j'hésiiite. Halàlà, on n'a pas des vies faciles... »

  • Folie douce.
Le revers de la médaille est que, tant de connaissances, tant de pouvoir, ça a un coût, et que, en général, le magicien yoyotte un poil de la toiture. Il a déjà un ego sur-dimensionné, mais, ça, c'est juste rigolo, et pas trop handicapant socialement. Par contre, il est un peu autiste sur les bords, et ne se rend pas toujours bien compte de l'impact qu'a ses actions sur ses contemporains et compagnons. Résultat, à force de jouer à l'apprenti sorcier, il se retrouve à un peu tout détruire autour de lui.

Merlin, et bin, bon, on peut pas dire que Camelot et la poursuite du Graal se termine dans la joie et l’allégresse. Le Docteur partage sans cesse la vie de compagnons qui finissent en ruines. Arsène Lupin est toujours bien seul, dans sa vie de Dominique-Strauss-Kahn-James-Bond-Je-Couche-Une-Fois-Pas-Deux. le Docteur Fate, c'est un peu différent, les connaissances auxquelles il est confronté le rendant, lui (et pas les autres), complètement zinzin au bout d'un certain temps.

Chez Sandman, bon, déjà, il connait des gens quand même un brin à côté de leurs pompes.


Mais disons qu'en plus il est compréhensif : la folie, chez lui, c'est plus une forme de rêve qu'autre chose.


Voilà. C'est ça. Sa folie le garde sensé. (À prononcer avec une grosse voix.) Je sais pas trop ce que ça veut dire, 
mais ça a l'air tellement profond que je vais faire comme tout le monde : je vais faire comme si j'avais compris.

  • Tout ceci pour amener à la caractéristique principale et commune à tous les magicien : il est tout triste dans son coin.

Sandman en fait, c'est un gros émo. Ou un romantique torturé qui a vu le vrai sens de la vie. Question de point de vue.

Tout triste parce que dès qu'il fait un mouvement, ça chie dans la colle pour les personnes autour de lui (et pas pour lui-même, vu qu'il est trop fort). Tout triste parce qu'il se retrouve à connaître et posséder trop de choses, sans but, sans pouvoir taper plus haut. Bref : tout triste parce qu'il se fait chier.

Le magicien nous offre ainsi un miroir inversé. L'ensemble de ses pouvoirs ne sont présents que pour créer un contraste et une distanciation entre nous et le personnage. On ne pourra jamais s'identifier à un tel gugusse surpuissant. J'ai déjà du mal à pas faire cramer mes œufs au plat, alors connaître le futur, c'est pas prêt de m'arriver.



De manière assez évidente, les rêves des gens servent de révélateur à leurs aspirations profondes, 
à ce qu'ils sont vraiment au fond d'eux. Quand le rêve arrive, les masques et apparences tombent.

Partant de là, deux solutions :

1°) Tous les personnages l'entourant nous paraissent tout d'un coup beaucoup plus proches de nous. On cherche à s'identifier à quelqu'un, ce ne sera certainement pas le magicien, du coup ce sera le personnage juste à côté, quel qu'il soit, il sera déjà plus normal et proche de nous. Et peu importe que ce soit le roi Arthur ou la princesse de Bohême. On marchera quand même à fond les ballons. Le magicien révèle par contraste la beauté de la condition humaine.

Là encore, j'ai pas tout compris, mais ça a l'air méchant (et très optimiste face à la condition humaine).

2°) Notre propre vie nous paraît soudain plus digne d'intérêt. Certes il est sur-puissant, sur-riche, il a amassé toutes les connaissances du monde et il peut te mettre la misère à Trivial Pursuit sans aucun souci. Certes on ne pourra jamais rattraper notre retard, puisqu'il voyage dans le temps et dans l'espace et est quasi-immortel. Mais il est MALHEUREUX de cette situation. Et vous savez quoi ? Les seuls moments où il est un peu heureux, c'est quand il a son petit shoot d'adrénaline de nouveauté. Quand il est confronté à une situation qu'il ne connaît pas ou qui le met simplement en difficulté. Là, il kiffe. Et vous savez re-quoi ? Nous, on sera tout le long de notre vie confronté à cette situation. Être en difficulté. Apprendre des trucs. Voir de nouvelles choses. Les mecs les plus puissants de l'univers prient à genou pour vivre les choses que l'on vit tous les jours.

Enfin, bon, bref : c'est un gros chouineur.

Tout d'un coup, les qualités des autres personnages apparaissent de manière plus flagrante quand ils sont confrontés au magicien qui, lui, est complètement lunatique, mégalomane, à la limite de la folie, anti-doué dans ses relations aux autres, complètement privé d'empathie. Les autres personnages, confrontés à ce demi-dieu, font ressortir leur qualités bien humaine : de compréhension, de solidarité, de rêves.

Ne pouvant s'identifier à la figure du magicien, perché bien trop haut pour nous, celui-ci nous jette dans les bras des autres personnages, que nous trouvons soudain bien plus séduisant, valeureux, courageux, profond, moraux qu'ils ne nous aurait paru précédemment.

Ou alors, sans vraiment nous jeter dans leurs bras, ça nous permet de bien mieux les connaître que nos collègues de bureaux 
qui font des blagues de cul à la machine à café le matin (ou alors ça nous permet de prendre conscience que le mec qui fait des blagues de cul le fait parce qu'il a une vie de famille difficile, que son chat est mort, et sa mère castratrice) 
(en fait, c'est faux,hein, il le fait parce qu'il est con, c'est tout).


Ce personnage de compagnon du magicien n'est plus un pauvre type un peu paumé qui fait tout de travers (Arthur qui foire sa quête du Graal dans les grandes largeurs et se fait piquer sa gonzesse, par exemple) (pourtant, là, j'ai pas choisi le plus moche, il est roi) (il est roi mais il rate tout quand même) mais un gars dont les qualités nous crèvent enfin les yeux (Arthur en chie, c'est sûr, mais il a un idéal, il s'y accroche, et ne lâche rien, malgré les épreuves).

Le magicien est comme la moutarde : il redonne goût et vivacité à des vies de personnages qui paraissaient grises et plates.

Le tour de magie de ce personnage est là. Transformer, par sa simple présence, notre regard sur la vie de tous les personnages qui l'entourent.

« Laissez-moi, maintenant, j'ai besoin de penser au sens de la vie. »

vendredi 19 février 2016

La bande dessinée est un multi-mythe voyageur.

Les aventuriers de l’éther nous montrent ce qu'est un voyageur, un vrai, un qui lâche rien.

Alex Alice, Le chateau des étoiles - La conquête de l'espace, Editions Rue de Sèvre.

Le voyageur n'a pas une vie compliquée. Il voyage. Il voit ce qui se présente. Il essaye de faire ce qu'il a à faire. Il repart. Et ça recommence.

Parfois, ce qu'il y a à faire, c'est de coucher avec une fille.

Parfois, ce qu'il y a à faire, c'est de sauver une île/ville/planète.

Parfois, ce qu'il y a à faire, c'est de sauver sa peau parce qu'on est tombé sur un géant, une sorcière, ou un dieu qui s'est levé du pied gauche.

Dans le château des étoiles, par exemple, y a une sorte de gradation dans l'exotisme :









Bon et alors, par contre, je tiens à mettre les point sur le i tout de suite, quand je parle de voyageur qui couchent, 
ça exclue évidement les récits mettant en scène des enfants, hein.


Vous mériteriez des baffes.

En tous les cas, ça, ce n'est que le prix à payer pour ce qui est la vraie motivation du voyageur : la découverte et l'émerveillement. On vient dans une endroit nouveau. On en découvre les richesses, les merveilles, la magie, les spécificités et les bizarreries. On encaisse du mieux possible les soucis que ça induit mais qui sont finalement nécessaires. Et on en repart plus grand des expériences vécues.

On croit que la Lune est un gros caillou tout sec. Et en fait non. C'est une magnifique planète avec des continents de neige. 
(Ce qui prouve d'ailleurs bien que les missions Appollo sont une grosse intox, 
puisque leur Lune reproduite en studio était super mal faite.)

C'est exactement ce qui arrive à Tintin et Haddock quand il font le tour de la moitié du globe pour retrouver le trésor de Rackham le rouge avant de SPOILER ATTENTION JE VAIS RÉVÉLER LA FIN DU BOUQUIN FAITES PAS CEUX QUI N'ONT PAS ÉTÉ PRÉVENUS avant de s'apercevoir que le trésor se trouvait en Belgique. (Je sais que je cite cette histoire quinze fois par post de blogue, mais c'est tellement signifiant de ce qui compte dans les aventures de Tintin que ma monomanie en vaut la peine : Tintin, c'est le souffle et l'appel de l'aventure ; Tintin n'est pas vraiment un journaliste, c'est un explorateur qui va découvrir les merveilles de tous les continents du globe, et jusque sur la Lune.)

De toute façon, le but du voyageur n'est pas de trouver comment rentrer chez lui, il s'en fout de rentrer chez lui, et on ne sait même plus où est sa maison. Le but du voyageur n'est pas d'arriver à bon port, mais bien de voyager, encore et toujours, pour découvrir plus de nouveautés et de beautés, encore et toujours.

Le mec est allé sur la Lune. C'est déjà pas mal. Il pourrait poser quelques RTT. Mais non. Il fonce toujours plus loin.

Cela fait de l'explorateur la forme la plus basique, la plus enfantine, et la plus positive du héros.

Basique, parce qu'on ne peut pas dire que le schéma narratif soit hyper évolué. le mec arrive quelque part, on essaye de comprendre comment ce quelque part fonctionne. On règle les soucis, et on s'en va. C'est la formule « Lucky Luke » : je viens, j’assomme les méchants, je repars, et jamais je ne rentre chez moi. D'ailleurs, on ne sait même pas où c'est.

Enfantine, parce que ce schéma renvoie au jeu le plus basique pour un enfant : on part dans le jardin, on voit ce qu'il y a, et on invente des trucs. La seule limite est notre propre imagination. (Comme la seule limite des aventures de Sinbad le marin est l'imagination de Shéhérazade, qui raconte ses aventures au sultan Shahryar).

Positive, parce que ce qui pousse tout ces personnages à continuer leur voyage plutôt qu'à planter une tente, prendre un peu de repos, et pêcher le poisson et la noix de coco façon Koh-lanta, c'est la soif de découverte. Ils ne veulent rien gagner. Ils ne veulent rien conquérir. Ils veulent explorer, découvrir, comprendre, aller de l'avant, ne rien posséder que de nouveaux souvenirs.

Il n'y a pas plus simple, il n'y a pas plus beau, il n'y a pas plus intrinsèquement humain et enfantin que l'émerveillement face à la découverte de la nouveauté.

Enfantine dans le sens : je raconte n'importe quoi en balançant trois mots savants pour faire genre je m'y connais.
Zemmour a su rester un grand enfant par exemple. Enfin, un petit enfant, plus exactement.

Et quand je dis basique, je veux dire basique, je veux dire con-con sur les bords. Parce que l'explorateur, par exemple, n'est pas du tout un inventeur (Tintin n'est pas Tournesol) : ils ne veulent pas dominer leur environnement pour mieux le contrôler ou mieux l'exploiter. Non, ils restent naïfs et ne veulent que pouvoir découvrir de nouveaux endroits, marcher / voler / naviguer / chevaucher jusqu'à la ligne d'horizon.

Hé bin non. Il y pense pas. Qu'est-ce qu'il est con, ce scientifique !

Ceci dit, faut quand même pas déconner, le héros voyageur n'est pas un simple abruti qui possède un permis bateau (où à qui ses parents on offert des cours de poneys quand il était petit). C'est un explorateur dopé à la nouveauté. Qui préférerait mourir plutôt que de ne pas vivre une nouvelle expérience (comme Ulysse s'attachant au mât de son bateau pour pouvoir entendre le chant des sirènes).

Il donne par là la recette nécessaire pour vivre une belle aventure : la ténacité, la curiosité, le courage, et l'optimisme.

Quoi qu'il arrive à notre héros, il ne lâchera rien, il ira toujours de l'avant, parce qu'il est persuadé que, à l'avant, l'attend des merveilles. Et la vraie qualité, la vraie morale du héros voyageur, se trouve là : c'est bien beau d'avoir une soif de découverte (on l'a tous, finalement), mais si elle ne s'accompagne pas d'un courage en titane, ça ne va pas mener à grand chose (au passage, on peut voir ici un parallèle avec les vrais découvreurs, de Christophe Colomb à Louis Pasteur : ce ne sont pas tant les plus curieux que les plus têtus qui arrivent à faire avancer les choses).

Les parents construisent les vaisseaux. Les enfants les utilisent pour faire de la grimpette sur la Lune. 
Pas plus compliqué que ça.

Et c'est ce courage qui définit, "héroïse" et permet d'admirer le héros. Il lâche rien. Bravo champion. C'est une vraie tête de pioche au caractère souvent ronchon, qui choisit une ligne et de ne pas en dévier. Ce courage qu'il possède, c'est celui qui nous manque (et qui manque souvent aux autres personnages autour de lui) pour que nous devenions nous-même le nouveau Jean-Louis Chrétien.

Comme personne ne lâche rien, du coup, tout le monde s'engueule.

C'est cette ténacité qui est mise en scène en tant que moteur du récit et point de comparaison par rapport au lecteur.

D'ailleurs, le récit du héros voyageur est quasiment toujours réflexif. Dans tous les sens du terme.

Réflexif parce qu'il nous offre un miroir de nos propre vies (Ulysse n'est que l'exemple à suivre pour avoir une belle vie à notre petite échelle : curiosité et ténacité les gars, faut y croire, on va y arriver, et si ça peut sourire, vous vivrez des trucs fantastiques (ou au moins différents des embouteillages à sept heures du matin, des élections récurrentes voyant l'avènement d'un pouvoir fasciste, ou des informations présentées par David Pujadas).

Merci à l'auteur de surligner la thématique générale du récit de voyage (trois fois) (et au stabilo rose).
C'est plus pratique pour moi, ensuite, de trouver des illustrations cohérentes à mon propos. Sympa.
(Bonc, ok, c'est piqué à Chesterton, mais, bon, ça claque quand même, comme répartie.)

Réflexif parce que cet aspect « exemple pour les nuls de ce qu'il faut faire dans la vraie vie pour vivre des trucs cools » prend souvent un peu de recul avec son idéalisation (on peut pas tous être reporter au petit vingtième ou cow-boy-qui-tire-plus-vite-que-tout-le-monde-et-même-son-ombre) en mettant en scène son propre récit.

C'est le cas de l'Odyssée, dans lequel les aventures d'Ulysse sont toujours racontée de seconde main (on n'assiste jamais aux aventures en elle-mêmes, mais à un mec qui raconte ce qu'il s'est passé ailleurs, alors qu'il été le témoin d'une de ces fameuses aventures).

C'est le cas dans Les mille et une nuits, qui sont la collection de différents contes racontés par Shéhérazade pour sauver sa tête.

C'est même le cas chez Lucky Luke, puisque j'y pense, qui confronte sa vision ironico-parodique à la réalité de l'ouest américain. (Les récits de Lucky Luke partent souvent de personnages historiques iconisés (Jesse James, le juge Roy Bean, Calamity Jane), pour les faire descendre de leurs piédestal).

Et pour Tintin... pour Tintin... Euh... Pour Tintin j'ai un très bon argument comparatif, mais je vous le donnerais pas, parce qu'il est un peu long et que je voudrais pas vous ennuyer, je suis comme ça, je suis gentil et il se fait tard.

Ouais bin pour Tintin, je sais pas, mais, là, pour le château des étoiles
y a plein de récit façon journal intime dans tous les coins, donc vous allez arrêter de me gaver.

SI JE RÉSUME.

Nous avons un récit :
  • Réflexif.
  • Dont le but n'a pas d'importance.
  • Dont les péripéties ne sont qu'un moyen de découvrir et s'émerveiller face au monde.

Un récit organisé dans tout ses compartiments pour nous permettre de faire un parallèle (aspect réflexif) avec notre vie (la fin importe peu) et de réfléchir à notre place dans le vaste monde (découvrir et s'émerveiller).

AU FINAL.

Le récit de voyage est une des forme les plus basique de récit parce qu'elle offre un des meilleurs cadre à l'identification : le voyageur ballotté par les flots et les avanies de la vie, c'est nous. Et la clef de son succès sera aussi la notre : la ténacité.

ET COMME LE DISAIT TENNYSON DANS SON POÈME ULYSSE (ET DANS JAMES BOND - SKYFALL) :
Et si nous avons perdu cette force   
Qui autrefois remuait ciel et terre,   
Ce que nous sommes, nous le sommes :   
Des cœurs héroïques et d'une même trempe,   
Affaiblis par le temps et le destin,   
Mais forts par la volonté    
De chercher, lutter, trouver et ne rien céder.