Il n'y a pas de souci, je ne suis pas plus obtus qu'un autre, je peux parfaitement comprendre que l'on ne soit pas d'accord avec moi, cependant, je dois bien avouer que, selon moi, quand on fait mourir un de ses personnages, on est un bon gros scénariste de merde.
EN VOILÀ UN AVIS NUANCÉ COMME JE LES AIME !
EN VOILÀ UN AVIS NUANCÉ COMME JE LES AIME !
Il se trouve que, parfois, quand on lit une histoire, pif, au détour d'une page, un des personnages dont on suivait la vie depuis plus ou moins longtemps meurt.
Or, on ne va pas se voiler la face, la plupart du temps, les personnages meurent pour de mauvaises raisons.
PREMIÈRE MAUVAISE RAISON : LE SCÉNARISTE CONSTRUIT MAL SES PERSONNAGES.
Dans ce cas là, on dit que les personnage est « arrivé au bout de son cheminement personnel ». Une manière très polie de dire « je savais plus du tout quoi foutre de lui ». L'auteur a construit tel personnage dans telle optique (être le copain du personnage principal, être le vieux mystérieux d'un groupe de survivants à une catastrophe, être la mère d'un des protagonistes) et, une fois que le personnage a rempli son rôle, il n'est pas assez riche, dense, intéressant pour être autre chose qu'un personnage-fonction. Il est le copain, le vieux, la mère, mais il n'existe pas en lui même. Du coup, il suit les personnages principaux comme un gentil chien couillon dans lequel on se prend les pattes. Il fait suer tout le monde et ne sert à rien. Couic. À la poubelle.
Pauvre petit personnage victime du non-talent et de la non-technique de l'auteur, inapte à construire des personnages autrement que par rapport à ce qu'ils doivent apporter à l'intrigue d'une histoire. Si le personnage est si faible qu'il gave déjà tout le monde au bout de dix pages, il fallait simplement le ré-écrire pour le rendre plus intelligent. Point barre.
Pauvre petit personnage victime du non-talent et de la non-technique de l'auteur, inapte à construire des personnages autrement que par rapport à ce qu'ils doivent apporter à l'intrigue d'une histoire. Si le personnage est si faible qu'il gave déjà tout le monde au bout de dix pages, il fallait simplement le ré-écrire pour le rendre plus intelligent. Point barre.
Dans les phalanges de l'ordre noir, Christin et Bilal font mourir quasiment tous leurs personnages à la fin (comme des merdes), ok. MAIS ils les ont fait vivre pendant tout le reste du bouquin, on a appris à les connaître, ils sont (re)tombés amoureux.
On est alors tout triste de les voir tomber comme des mouches pour une raison finalement plus si évidente.
On est alors tout triste de les voir tomber comme des mouches pour une raison finalement plus si évidente.
#JoieDeVivre #NovembreLeMoisLePlusGaiDeLannéeCestConnu
Dans ce cas là, le scénariste va commencer à raconter n'importe quoi à base de : « je n'ai fait que suivre mon histoire, qui a rendu cette mort inéluctable », ce qui est une reformulation habile de « je me fous complètement de votre gueule, les gars, cherchez pas, je suis juste un mauvais ».
L'auteur choisit comment un personnage s'habille, s'il est petit, s'il est grand, s'il est gay, qui il rencontre, ou il va, et tout d'un coup, au moment crucial, il ne déciderait plus de rien, il ne serait plus capable d'intervenir dans l'intrigue comme les 2568920123475632000 autres fois qu'il l'a fait pour compliquer ou faciliter la vie du personne ?
La vérité, c'est qu'il s'est retrouvé dans un segment de son histoire un peu pourri, un peu chiant, une sorte de transition (dans les mauvais bouquins, les personnages meurent toujours quand la situation est flottante et qu'on sait pas trop où ça va mener ou quoi foutre) que l'auteur a voulu dynamiser en faisant pleurer Margot. « Punaise, je sais vraiment pas comment sortir de cette scène tout molle, là. Ha bin j'ai une idée : si je tuais un perso ? Ça va choquer le lecteur, ça va faire semblant qu'il se passe quelque chose dans la scène et qu'il était vachement important qu'on en arrive là, alors qu'en fait il se passe rien et tout le monde se fait chier depuis vingt pages et, non, contre toutes apparences, je ne suis pas la voix du scénariste de Walking Dead. »
Dans Sandman, un personnage a même le droit de refuser de mourir, comme ça, pouf. Ça c'est ce que j'appelle un scénariste.
#MêmePasMort #MêmePasEnRêve #JeuDeMotEntreSandmanEtRêve
C'est exactement ça. Je suis bien content que vous ayez tout compris. Allez ! Salut ! A la prochaine.
(Mais non, je déconne, rohooooo, ça va, on peut plus rigoler, ou bien ? C'est ce qu'il y a de plus terrible dans nos sociétés modernes, on peut plus rien dire. (Déjà hier, les gens on mal pris ma blague sur « Y a un juif, un arabe, et un gay qui rentrent dans un bordel de Bamako... ».) ('Tin, la chape de plomb, quoi.))
PREMIÈRE BONNE RAISON DE TUER UN PERSONNAGE : TOUT CE QUI A ÉTÉ DIT CI-DESSUS. (OU : LA MORT POURRIE, MAIS FAITE EXPRÈS.)
Si on veut faire ressentir toute la vacuité, la faiblesse, la misère de la vie d'un personnage, le faire mourir comme une merde est une bonne solution d'illustration.
Tu es un personnage dont la vie ne sert à rien ? Tu es un personnage qui n'arrive pas à sortir de la fonction dans laquelle t'a réduit la société ? Tu es un personnage qui a une vie inintéressante ? Inutile ? Vaine ? (On dirait que je fais un autoportrait, c'est pas brillant-brillant.) Eh bien pour bien surligner tout ça, le scénariste va te faire mourir comme une merde. Merci qui ?
Dans Domu, Otomo (toujours autant dans le fun) fait mourir des tas de gens dans des HLM impersonnels. Youhou ! C'est la fête ! (Comme d'hab chez Otomo, ceci dit.) (Ce serait dommage de se priver de tout faire péter.)
#AmourDeSonProchain #JoiesDeLaVieModerne #RichessesDeLaVieCitadine
Ça arrive de mourir. On peut pas dire le contraire. Ne faire mourir personne dans aucun récit sous prétexte que c'est pas très gentil nuirait quand même au réalisme de l'ensemble. Donc, oui, ça peut arriver de faire mourir un personnage sans que ce soit un scandale.
Dans ce cas, il faut mettre en scène cette mort, ce qui l'amène, et ses conséquences.
Elle n'est plus un simple moyen de se débarrasser d'un personnage ou d'une situation gênante, pouf-pouf, c'est fait, on n'en parle plus, on passe à autre chose, on ne va quand même pas s'éterniser sur une boulette de scénariste. Elle devient un acte décidé et profond du récit, qui est construit pour analyser les effets que cette mort à sur tous les protagonistes, y compris le personnage à qui ça arrive.
Cette mort bouleverse le personnage à qui elle survient. Cette mort bouleverse les autres personnages et infléchit significativement le récit. Cette mort compte.
Dans Number 5, à chaque fois qu'un personnage meurt, tout le monde pleure pendant des lustres.
Au moins, on fait pas semblant.
#OnVaPasPleurerOnEstDesBonhommes #Virilité #ZemourrisationDesEsprits #TrumpEstÉluJeMadapte
Bon, alors, bon, là, je me suis un peu chauffé à base de réflexions sur la vie, la mort, et les caramels mous. J'ai peut être poussé le bouchon un peu loin. La mort du personnage reste quand même un acte pour de faux dans un récit de fiction. C'est un acte fort. Certes. Mais qui ne porte pas à plus de conséquences que ça.
C'est pour ça que, souvent, quand survient les réflexions d'un personnage sur sa propre mort, c'est plus une réflexion symbolique sur tel ou tel aspect philosophico-existentialiste de la vraie vie qu'une description précise et minute-après-minute de ce que traverse le personnage (ce qui serait de toute façon complètement horrible et totalement indécent).
La mort du personnage est utilisée comme enjeu fort (on peut difficilement faire plus fort) par rapport auquel le personnage va devoir réfléchir et se positionner.
Bref : quand le scénariste se place du point de vue du personnage qui va mourir, c'est souvent pour amener une réflexion symbolique sur un sujet existentiel, tout en poussant les potards à fond avec un enjeu maximal : la mort du personnage elle-même.
Dans Sandman, la mort, personnifiée par une gothique sexy, parle avec tout le monde,
de tout, de n'importe quoi, mais surtout du sens de la vie.
#OnSenFoutSiElleMeurtElleEstMoche #TrumpEstÉluJeVousDis
LA MORT DU PERSONNAGE, PAR RAPPORT AUX AUTRES.
Ça va ? Je vous ai pas encore complètement perdu ? C'est jouasse, hein, comme sujet ? Dire qu'ensuite je me demande pourquoi personne vient lire ce blog...
#SansAmis
Parler du deuil du point de vue du personnage qui meurt, c'est trop violent. Alors les scénaristes vont (en général) dans la métaphore, dans la réflexion philosophique, dans la crise existentielle. Ils évitent la confrontation directe.
Par contre, quand le mourant n'est qu'un personnage secondaire et que le personnage principal est simplement spectateur de cette mort, les scénaristes osent aborder directement le sujet du deuil. Parce que c'est moins frontal. Plus éthique. Plus supportable. Moins dérangeant. (Mais toujours pas jouasse.)
Dans Journal d'un album, Philippe Dupuy me fait bien chialer comme une grosse merde.
#FautRigoler #DesNouillesDansLeSlip #DanseDeLépauleSo2015
Parce que, justement, si on s'attache au point de vue des personnages survivants, on va forcément continuer le récit avec eux. Le récit ne s'arrête pas à la mort du personnage. Il se poursuit. Donc, si on veut en faire un fait quand même un peu marquant, il faut montrer l'impact de cette mort sur les autres personnages. Il faut montrer comment cette mort influe sur le cours du récit qui continue.
On n'est plus du tout dans une logique symbolique, mais dans une catharsis pure.
PETIT POINT J'ME LA PÈTE.
La catharsis est une notion très floue, que beaucoup de gens ont redéfini à leur sauce (Aristote, Racine, Freud...). Grosso modo, c'est une purification des passions par le moyen d'une représentation artistique. On assiste à un pestacle, et ça nous défoule.
CATHARSIS DU DEUIL.
La représentation d'un deuil vécu par un groupe de personnages, le fait qu'ils arrivent plus ou moins bien à l'assumer et à passer à autre chose, le fait que cette mort a eu un impact sur leurs vies et que le personnage disparu à compté, que sa vie a compté, que sa mort a compté, tout cela peut nous permettre de nous défouler de pas mal d'angoisses légitimes et puissantes.
#ConfianceEnLavenir
D'un côté nous avons des scénaristes qui cachent juste leurs problèmes techniques sous le tapis.
De l'autre nous avons des scénaristes qui essayent de nous faire réfléchir ou d'apaiser nos angoisses.
Lesquels préférez-vous ?
Moi je préfère ceux qui rendent la mort sexy.
Comment ça « t'es vraiment trop nul, les hashtags, c'est sur twitter gros débile » ? Mais c'est quoi ce twitter ?
Punaise, c'est chaud, la technologie.